« La Pologne rêvée » au Musée de l’Hermitage
François Desgaliers partage ses impressions sur l’exposition

Le 31 juillet 2025, François Desgaliers et Omar Odermatt, rédacteurs à Ricochets, se sont rendus au Musée de l’Hermitage à Lausanne pour découvrir l’exposition « La Pologne rêvée », qui réunit une centaine d’œuvres d’artistes polonais issues du Musée national de Varsovie. À l’issue de cette visite, François Desgaliers nous livre ses impressions sur cette exposition qui était visible jusqu’au 9 novembre 2025.
Habitué des expositions de l’Hermitage, François salue d’emblée le travail de la conservatrice et de son équipe : « Les œuvres sont toujours choisies dans un certain ordre », souligne-t-il. Cette exposition met principalement l’accent sur les portraits et les paysages, avec quelques nus artistiques, dans une sélection qu’il juge particulièrement réussie.
La patte polonaise : entre lumière et profondeur
Comparant cette exposition à celle des impressionnistes qu’avait visité François Desgalier précédemment, il note des différences marquantes : « Il y a quelques œuvres qui sont moins lumineuses, qui sont plus sombres. D’autres qui sont plus lumineuses, qui ont une profondeur de champ. Les couleurs, selon lui, reflètent « certaines subtilités propres aux artistes », variant considérablement d’une toile à l’autre.
Des tableaux qui marquent
Parmi les œuvres qui l’ont particulièrement touché, François évoque un paysage d’hiver remarquable : « Un paysage blanc, avec le soleil qui fait un arc-en-ciel sur la neige… on voit des rouges, roses, bleus et autres ». Il mentionne également un tableau champêtre représentant des canots avec des hérons survolant une prairie fleurie de jaune, une œuvre qui « dégage quelque chose de particulier ».
Un portrait sur fond de camaïeux rouge-orange sur blanc a également retenu son attention, procurant « des émotions assez phénoménales ».
Une expérience émotionnelle profonde
Au-delà de l’analyse intellectuelle des œuvres, François insiste sur la dimension émotionnelle de l’exposition : « On s’émerveille devant un tableau. On se laisse pénétrer par la peinture de l’artiste. » Cette visite constitue pour lui « une pause bienvenue dans une certaine agitation », « une récréation » ou encore « une parenthèse des émotions ». « C’est reposant », confie-t-il, évoquant une véritable « quiétude de l’âme » qui s’empare du visiteur dès qu’il pénètre dans l’exposition. « Chaque tableau procure quelque chose, quand on prend le temps justement de le regarder, de laisser s’imprégner » explique-t-il.
Le cadre exceptionnel de l’Hermitage
François rappelle également l’importance du cadre : le bâtiment principal du musée, une maison de maître léguée par la famille Bugnon il y a 80 ans, contribue à l’atmosphère particulière de la visite. Le testament du dernier propriétaire stipulait que la maison devait rester dans son état d’origine et être transformée en musée, donnant naissance à la Fondation de l’Hermitage.
Une découverte de l’art de l’Europe de l’Est
Pour François, cette exposition offre une opportunité rare de découvrir la peinture de l’Europe de l’Est, moins connue que celle de l’Europe occidentale : « On est plus habitué à la peinture européenne, mais moins la peinture de l’Europe de l’Est ». Il note que l’approche artistique polonaise diffère « totalement » des compositions de l’impressionnisme français, de la peinture flamande ou des jeux d’ombres et de lumières de Turner.
Une recommandation enthousiaste
Sans hésitation, François recommande vivement cette exposition aux amateurs d’art et de belles peintures. Il a prolongé ces réflexions dans Ricochets avec des commentaires plus détaillés sur les tableaux qui l’ont particulièrement marqué, avec leurs contextes historiques et ses impressions personnelles.
Escapade dans les bois du Vallon
La visite s’est prolongée par une agréable balade à travers les bois du Vallon, permettant aux visiteurs de descendre à pied jusqu’à la rue de la Barre, en passant par le quartier de la Cité et la cathédrale – une expérience complète mêlant culture et découverte de la nature en ville.
Quelques tableaux qui ont suscité des émotions particulières chez François Desgalier
Les nymphes des eaux

Witold Pruszkowski (1846–1896)
Ce tableau est particulier. On y voit quatre nymphes un soir d’été, probablement au soleil déclinant, avec en arrière-plan un ciel nuageux bleu-gris. Un jeu de lumière subtil crée un contraste marqué entre ombre et clarté. L’élément le plus surprenant est qu’une des nymphes semble suspendue à un arbre. Sur le plan émotionnel, l’ensemble paraît irréel, comme inspiré d’un rêve : les nymphes semblent danser en flottant dans l’air.
Springtime

Henryk Weyssenhoff (1859–1922)
Ce tableau est dominé par un vert printanier lumineux et l’on voit un champ de jonquilles. Les arbres indiquent l’arrivée du printemps. En arrière-plan, un ciel typiquement printanier mêle des nuances de bleu et de gris. Émotionnellement, ce tableau inspire la quiétude, le calme et le repos. Face à lui, on ne peut que lâcher prise. Une subtilité propre aux paysages d’Europe de l’Est s’en dégage. Deux hérons, revenant probablement nidifier, apportent de la vie à la scène et se détachent nettement sur le décor.
Pêcheur

Leon Wyczółkowski, 1911
Un pêcheur, illuminé par le soleil, semble suspendu au-dessus d’un plan d’eau. Dans ce tableau, tout se fond : l’eau, le ciel et la silhouette du pêcheur, sujet principal, alors que le reste paraît presque abstrait comme un flou photographique. L’atmosphère, empreinte de mystère grâce à une luminosité particulière, incite au calme et à la contemplation. Les vêtements du pêcheur se distinguent à peine ; on dirait qu’il est hors de la réalité. Un détail surprend : derrière lui on voit des arbres en un vert foncé contrasté, donnant à la scène une autre impression de suspension. On remarque également que le pêcheur tient trois lignes et que son visage reste invisible.
Deux Jeunes Paysannes, vers 1900

Włodzimierz Tetmajer
Deux paysannes, vêtues de costumes ruraux polonais, sont assises devant ce qui semble être la ferme familiale. L’une paraît plus âgée — probablement la sœur aînée — tandis que l’autre semble plus jeune. Leurs visages traduisent la fatigue propre à la vie rurale harassante du début du XXᵉ siècle : l’une regarde au loin, l’air absent, tandis que l’autre semble nous fixer. Ces regards témoignent d’une journée éprouvante. Ce qui retient particulièrement l’attention, ce sont les couleurs vives des costumes, qui éclairent ce tableau sombre. Les visages, quant à eux, parlent d’eux-mêmes : on y lit à la fois beauté, tristesse et dureté.
Houtsoules dans les Carpates (Huculi w Karpatach), 1910

Władysław Jarocki
Un paysage hivernal marqué par la neige recouvrant le sol et les sapins. Quatre personnages portent des costumes traditionnels polonais d’hiver. Leurs regards joyeux laissent deviner la préparation d’une fête. Le tableau présente un contraste entre le froid extérieur, les vêtements colorés et les expressions chaleureuses. L’ensemble dégage une joie simple. Le contraste entre les habits colorés et le tapis blanc de neige, accompagné en arrière-plan de collines et d’un ciel hivernal illuminé de reflets rouges rappelant un coucher de soleil ce qui donne au tableau une atmosphère particulièrement apaisante.
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